“DAC nigger, DAC baby …” Non non ce n’est la musique d’un maquis de plein air poussée à fond, ce ne sont pas non plus les réglages sonores d’un concert ou d’une fête organisée pour le soir, pas non plus un effet d’annonce pour tel ou tel candidat partisan de la mangeurcratie, moins encore l’enlèvement dans le ciel du 2001 par des extraterrestres jaloux qui veulent ambiancer leur lointaine planète. Au grand étonnement des badauds, automobilistes, zémidjans et autres commerçants urbains, c’est une caravane de véhicules bardés de posters qui parcourt les grandes artères de Cotonou avec une puissance sonore à faire se boucher les oreilles à un sourd. Pour faire effet ça fait effet, et en ce mois de Février 2008 tous les gens présents sur le parcours stoppent leurs activités quelques instants pour comprendre et regarder qui est à l’origine de ce rap anglophone qui envahi les rues. A l’origine de cette idée il y a un artiste, DAC, c’est original et assez innovant, comment se faire connaître des non puristes de rap à Cotonou et par la même occasion faire de la vente directe de son album ? Il a donc pensé à ce qu’on appelle la "HUSTLING DISTRIBUTION" dont le concept novateur consiste à distribuer un produit dans toute une ville avec une caravane sonorisée. Vous voyez donc qu’on sort quelque peu du cadre artistique, sur ce sujet le mc nous confie : « Je ne conçois pas l'artiste comme une machine à poser des sons mais plus comme une entreprise dont le marketing et la communication doivent permettre de le promouvoir » Ce concept marketing est donc appliqué parfaitement ici, DAC se fait connaître du grand public et par la même occasion écoule ses stocks avec la vente de ses cd à prix réduit pour l’occasion, du marketing pur on vous dit, associé à la qualité de son premier album « Life Gifted » le pari est vite gagné. Pour faire travailler votre imaginaire, il faut détailler un peu plus cette aventure. Imaginez un convoi de 6 véhicules, 1 grosse camionnette aménagée avec de méga baffles poussée à fond, des affiches de 2 mètres sur 2 sur la carrosserie, camionnette entourée de 3 voitures devant et 2 derrières couvertes d’affiches également, l’album de DAC en écoute live à travers les enceintes et un animateur faisant la prodada pour attirer les cotonois. Le parcours fut le même sur 2 jours, il n’y à qu’à demandé, on démarre de la Barrière quartier Houeyiho vers le stade de l’amitié, puis on fait demi tour vers Vedoko, Place de l’Etoile rouge, puis centre ville vers le Commissariat central et St Michel, ensuite le convoi rejoint la Marina et après avoir décoiffé la Présidence retourne vers Fidjrossé ou le paroxysme est atteint à la plage en ce retour de week end. Le but est atteint, un go slow monstre sur la route des pêches puisque les gens s’en reviennent de la plage et se trouvent bloqués avec leurs véhicules, 2 roues ou même à pied, c’est un concert gratuit en plein air qui leur est proposé. En effet le convoi se retrouve victime de son succès, les gens attirés se masse autour pour acheter un cd ou écouter le son, certains stoppent leurs véhicules et le tour est joué, c’est l’embouteillage assuré, mais celui là est le plus agréable de la vie de DAC car il lui assure le plus gros succès de la journée. Le syndicat des fous de l’asile de Jaquot me charge d’ailleurs de remercier DAC pour ce petit moment d’ambiance qui a provoqué la casse d’un même nombre d’objet dans l’établissement qu’à un concert de Nirvana à la bonne époque. Pour l’anecdote, celle ci étant réelle, il se trouve que notre ami Amir, accompagné de Kodjo le patron du célèbre label rap français Nouvelle Donne, était dans le centre de Cotonou quand la caravane DAC était en mouvement. Amir n’étant pas au courant de la démarche la rencontre des deux potes fut étonnante, il connaissait l’artiste mais par forcement le biznessman, l’initiative fut bien sur saluée par le boss de Nouvelle Donne enthousiasmé par la pugnacité et la débrouillardise d’Armel. A l’arrivée, un seul chiffre, plus de 500 cd originaux (ça a son importance au Bénin), écoulés en 2 jours et une promotion directe très réussie auprès des cotonois. Je pense que cet épisode de son parcours n’aura pas échappé au CCC de qui il était déjà un proche, et qui en plus du talent artistique aura apprécié son coté rap-business ce qui lui vaut aujourd’hui d’appartenir à ce crew qui partage le même état d’esprit dynamique et à l’avant garde du rap game béninois. Vous remarquerez que je me suis attelé à vous parler de cet aspect méconnu de DAC plutôt que de l’artiste que vous pouvez découvrir seul à tout moment en écoutant sa musique. Il n’est pas avare de sons et multiplie en effet les featurings notamment avec Nasty, ADN, Blaaz, DRBX, Amnezik (compile WAR) ou encore R-Man, Smokin’ Squad, S@m, 3ieme Monarchie, Eray en attendant l’album bien sur. Vous remarquerez également que je ne suis pas exprimé sur les nombreuses réflexions entendues ici et là sur les rappeurs béninois qui ne mériterait pas ce qualificatif de « béninois » parce qu’ils rappent en Anglais ou dans un trop bon Français (DAC est à l’aise dans les 2 langues). Pour moi comme pour DAC, le rap béninois est représentatif des langues influentes au Bénin et le talent se conjugue autant en fon qu’en français qu’en anglais. Yovodounon
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