LE  PRINCE  DE  COTONOU






Prenez place les enfants, venez vous asseoir près du grand kolatier, le vieux
Yovodounon arrive, je crois que son histoire sera très belle aujourd’hui.

(Le vieux arrive doucement, il touche le tronc de l’arbre en signe
de respect puis s’assoit à l’ombre sur un mini tabouret en bois).

« Bonjour les enfants, néadegbon, il fait chaud aujourd’hui, le soleil brille à en noircir des diamants.
J’ai remarqué que plusieurs d’entre vous ont une passion pour la musique et les instruments,
je vais donc vous conter l’histoire d’un vieil ami à moi, on l’appelle le Prince de Cotonou.

Quand mes cheveux étaient encore bruns, la ville de Cotonou n’était pas encore mangée par l’Océan,
c’était la capitale économique du pays, la ville où tout se passait.
L’enfant Nesta était alors bien jeune mais avait déjà des aptitudes pour l’art de l’écriture,
de la rime et fait assez rare pouvait aussi composer des mélodies pour poser sa voix dessus.
Appartenant au clan Taka il fit ses dents pendant quelques années accompagné des ses acolytes,
mais pour poursuivre son apprentissage de ce monde, il dût s’expatrier loin derrière la savane,
loin derrière l’Atakora, loin derrière le grand serpent (fleuve Niger), loin derrière le grand
désert Sahara et le pays de l’harmattan, derrière la grande Mer Méditerranée au pays des blancs,
là ou le ciel et les gens sont gris.

Nesta fit alors ses armes sur ces nouvelles terres, gardant ses valeurs et sa prose, améliorant
ses défauts et persévérant dans ses qualités.
Le clan Taka éparpillé ne résista pas au temps, les adolescents étaient devenus des hommes, les
personnalités bien affirmées, l’esprit indépendant mais toujours prêt à servir la collectivité et
la caste des artistes.
En terre de France, l’enfant Nesta retrouva un clan voisin, assez puissant, lui aussi expatrié en
ces lieux pour des raisons similaires, clan d’artistes, d’hommes du monde à la soif d’entreprendre.
La solidarité fit place à l’amitié les enfants, les mêmes valeurs et la même passion renforcèrent
les liens et ce clan intégra bientôt plusieurs personnalités différentes comme celle de notre ami Nesta.
Deux Rois originaires de Porto Novo étaient à la tête de cette confrérie , et c’est dans un grand
projet musical que l’Enfant Nesta fut intronisé officiellement comme Prince de Cotonou, noble titre
pour une noble personne.
Ce clan redouté car aguerri par plusieurs cultures, métissages, endurci par la vie en terre blanche
et par les combats contre l’obscurantisme fratricide, avait décidé de frapper un grand coup en allant
offrir à leurs frères béninois le résultat de leurs efforts et expériences musicales.

Chacun rentra donc en Roi ou en Prince avec une nouvelle lueur dans le regard, des valeurs de rassemblement,
la rigueur et la droiture des grands hommes, et bien sur chacun amena avec lui le fruit de son travail
collectif comme personnel pour prouver au peuple qu’on ne devient pas Prince ou Roi par hasard.
Faire rêver les gens, leur apporter du plaisir, les faire réagir, leur enlever de la tête leurs problèmes
quelques instants, pouvoir combattre aussi parfois à travers des messages, voilà à quoi s’était attelé
le Prince à travers sa musique.

Quand la folie des hommes changea le fonctionnement pourtant immuable de la nature, l’Océan furieux,
par le biais des Dieux Hou et Agbé, recouvrit petit à Petit les villes côtières dont Cotonou qui ne put
lutter indéfiniment contre cette nature bafouée.
Le Prince combattit vaillamment à travers les mots et la musique pour faire changer les choses, mais
que faire contre les Dieux et la folie des hommes.

En terre d’Afrique les enfants, et cela depuis des millénaires, la tradition orale permet aux ancêtres,
aux artistes et aux hommes de vivre même après la mort, les histoires sont propagées et font vivre les légendes.
La musique du Prince fut donc propagée, elle lui survivra même, et c’est sur cela les enfants que je
veux finir ce conte, la musique est éternelle, même le dernier homme sur terre pourra chanter des chansons
qu’on lui aura apprises et qui auront traversé les époques, tout le reste n’est que poussière.

A la prochaine fête des récoltes biologiques, ici sur les hauts plateaux, si les festivités le permettent
et que vous avez tous eu des résultats positifs en classe, le Prince de Cotonou viendra nous faire revivre
l’histoire, à travers sa musique …»


Yovodounon


P.S : Pour revenir dans le monde réel, Nasty Nesta 2008 c’est bien sur une grosse implication dans toutes les productions CCC, la participation à la compil WAR en production, chant et rap (« Le prix à payer », « Ce qu’ils disent », « Jettes les billets », « Rois sont back remix ») et l’album tant attendu « IL LE FALLAIT » qui arrive cet été dans vos oreilles.









Album "IL LE FALLAIT" comin soon ...




© Copyright Cotonou City Crew / Juin 2008